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L’interwilaya appelle à une marche populaire à Alger le 8 août

Nouveau bras de fer avec le pouvoir

Le mouvement, né dans le feu de la révolte de Kabylie, revient donc à la charge au moment où beaucoup avaient misé sur son éclatement.

La coordination interwilaya a décidé, à l’issue du conclave de Boghni, de rééditer la grandiose marche du 14 juin dernier, à l’occasion de l’ouverture du Festival international de la jeunesse et de l’étudiant, le 8 août prochain à Alger. Les travaux de cette rencontre, qui se sont terminés tard dans la soirée de lundi, ont abouti à deux principales décisions, à savoir, une marche populaire pacifique avec, en parallèle, une grève générale le jour de l’ouverture du Festival et une action d’envergure qui devrait être organisée à Ifri Ouzellaguène, lieu où, 45 ans plus tôt, s’était tenu le Congrès de la Soummam, qui a doté la Révolution d’une structuration qui lui a permis de tracer son chemin vers la libération.

Le mouvement, né dans le feu de la révolte de Kabylie, revient donc à la charge au moment où beaucoup avaient misé sur son éclatement, notamment après l’apparition de divergences quant à la délégation devant représenter la wilaya de Béjaïa au conclave de Boghni, dont l’ouverture des travaux avait été retardée de 24 heures. Mais grâce à la persévérance et la sagesse du bureau de la réunion et les concessions faites par l’une et l’autre parties, la situation a été débloquée, permettant au conclave de Boghni — qui du reste s’est distingué par une organisation sans faille, à tous points de vue — de débuter. Au cours des débats qui ont suivi, la majeure partie des intervenants s’est prononcée pour l’organisation d’un sit-in ou d’une marche des délégués.

Seules les délégations de Tizi Ouzou et de Bouira ont opté pour la marche populaire et pacifique. En fin de compte, et après un large débat, les autres délégations se sont alignées sur la proposition de ces deux wilayas. Un consensus s’est en effet dégagé autour de cette action d’envergure, seul point inscrit à l’ordre du jour du conclave, tel que décidé par les participants à la précédente réunion qui a eu lieu à Aït Ouartilane, dans la wilaya de Sétif, le 20 juillet dernier.

Par ailleurs, les "conclavistes" de Boghni ont procédé à l’installation des différentes commissions devant s’atteler à la prise en charge des préparatifs techniques inhérents à cette marche pour garantir sa réussite. L’itinéraire retenu pour cette action est l’axe stade du 5-Juillet - présidence de la République, à partir de 12h.

Dans une déclaration rendue publique à l’issue des travaux du conclave, les huit délégations participantes, en l’occurrence la CADC de Tizi Ouzou, le comité intercommunal de Béjaïa, la CCC de Bouira, Le CCVQ de Boumerdès et les wilayas de Sétif, Djelfa et Bordj Bou-Arréridj se déclarent "déterminés à poursuivre la dymanique pacifique de sursaut des Algériennes et Algériens, contre l’arbitraire, jusqu’au recouvrement de tous leurs droits longtemps confisqués". Cette coordination interwilaya dénonce, par ailleurs, "la politique d’occultation par un régime en mal de marketing politique des réalités de la jeunesse algérienne par l’organisation pompeuse et opulente du Festival mondial de la jeunesse et de l’étudiant". La déclaration fait également une rétrospective sur la révolte qu’a connues le pays récemment, œuvre, est-il précisé, "d’une jeunesse frappée, à l’image de toute la société, par toute forme d’exclusion et du déni de droit". "La répression sauvage et sanglante opposée par le régime dictatorial aux abois à cette jeunesse aux mains nues, a engendré une centaine de morts et des milliers de blessés, dont des centaines par balle, alors que des dizaines d’autres souffrent encore des séquelles tant physiques que morales des tortures subies lors de ces événements", ajoute encore la déclaration, dans laquelle la coordination interwilaya souligne que "malgré l’immense mobilisation citoyenne, née de cette contestation fondamentalement démocratique et sociale, le pouvoir, au lieu de répondre aux revendications formulées dans la plate-forme d’El-Kseur, continue à faire dans la stratégie du pourrissement et de division, usant du mépris, de la manipulation et de la diversion".

C’est ainsi que la coordination interwilaya explique sa décision d’engager des actions de protestations, lors du déroulement du Festival mondial de la jeunesse qui débutera le 8 août prochain, c’est-à-dire dans une semaine, le prochain conclave de l’interwilaya se déroulera le 12 août à Béjaïa avec, à l’ordre du jour, un seul point à savoir l’action à mener à Ifri le 20 août.

Il faudra à la fin s’interroger sur le traitement qu’accordera le pouvoir à cette marche populaire qui se déroulera dans des circonstances un peu particulières, en raison de la présence, en Algérie, de dizaines de délégations étrangères de jeunes et d’étudiants qui seront là pour participer au festival. Recourra-t-il à la répression féroce telle qu’il l’a déjà fait lors de l’historique marche du 14 juin dernier qui, de l’avis de beaucoup d’observateurs, jamais une action du genre n’avait drainé autant de participants ? Assisterons-nous à la réédition de ce qui s’est passé lors de cette marche organisée également par l’interwilaya ? Autant de questions pertinentes qui se posent d’elles-mêmes, tant il apparaît évident que le pouvoir ne reculera devant rien pour réprimer une telle action de protestation, fût-elle pacifique.

Mais en face, la détermination des délégués des communes, quartiers et villages de kabylie semble inébranlable. L’on assiste donc à un nouveau bras de fer entre les représentants de la population et le pouvoir qui, faut-il le rappeler avait déjà, à travers le gouvernement suspendu l’organisation des marches dans la capitale.

Amar Abbas
Liberté
 

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