Arnaud Montebourg et la « gauche » du PS : un nouveau visage pour un rôle du répertoire

Paul Galois, "Lutte Ouvriére", n. 2254, 14 octobre 2011


Parmi les plus de 300 000 électeurs de Montebourg à la « primaire citoyenne », un bon nombre ont fait ce choix pour « peser à gauche ». Face à Hollande et Aubry, dont la volonté de gérer la crise au mieux des intérêts des capitalistes ne fait de doute pour personne, Montebourg a en effet fait entendre un son de cloche un peu différent.
Il faut bien que le PS, qui veut rassembler des électeurs allant de l'extrême gauche à l'extrême centre, voire à la droite, ait une offre politique large et donc une « gauche ». Ce rôle de flanc gauche a été tenu dans les dernières années par Hamon, devenu porte-parole du parti et soutien de Martine Aubry. Il le fut un temps par Fabius, lorsqu'il se prononça pour le non au référendum sur la Constitution européenne. Ce dernier, qui avait illustré la droite socialiste dans une époque précédente, est maintenant rallié lui aussi à Aubry. Et qui se souvient encore que, des années durant, la gauche du PS fut personnifiée par Chevènement, réincarné depuis en père fouettard de la République ? On pourrait même remonter jusqu'à Guy Mollet, soi-disant défenseur de l'orthodoxie marxiste et ouvrière de la SFIO, avant d'envoyer les rappelés en Algérie et d'aller chercher de Gaulle à Colombey. En endossant le rôle, après avoir été un temps le porte-parole d'une Ségolène Royal pas particulièrement classée à gauche, Montebourg entre dans un costume ancien et usé.
La seule nouveauté dans tout cela est que Montebourg parvient à faire passer un discours réactionnaire pour un message de gauche. En effet l'autre nom de la « démondialisation », son principal thème de campagne, c'est le protectionnisme. Celui-ci signifie élever des barrières douanières pour protéger les capitalistes nationaux, mais aussi dresser les travailleurs des différents pays les uns contre les autres.
Montebourg ajoute à la démondialisation l'exigence d'une VIe République et la lutte contre la corruption, ce qui n'engage à rien de précis. Et enfin il parle de mettre au pas les financiers. Le ton est certes vif, mais il ne nous dit pas quels moyens il compte employer. Il est vrai que cette précision serait de peu d'utilité puisque, de toute façon, le pourfendeur des financiers se ralliera en finale à Hollande ou à Aubry, qui, eux, ne font même pas mine de vouloir toucher un de leurs cheveux.
Le Montebourg radical aura vécu ce que vivent les gauches du PS, l'espace d'une primaire, d'un congrès ou d'une élection.